Historique

Hiver 1884

Des étudiants de la Faculté des Sciences Appliquées installée rue des Sols, réunis en assemblée générale, constituent le Cercle. À l’origine, cette bande de bons copains et copines est simplement désireuse de porter un regard plus concret sur la science ô combien impalpable qu’ils étudient dans les bibliothèques. Organiser des excursions, des conférences, des visites d’usine et d’industries belges : tels sont les rôles portés par le Cercle, rôles que celui-ci jouera de très nombreuses années.

1887

Le CP compte déjà 87 membres. L’atmosphère est particulièrement égalitaire : nulle étoile sur les casquettes, pour éviter toute distinction entre bleus et anciens. Le poste le plus honorable est celui de secrétaire. En effet, seul un secrétaire veille à la bonne gestion du Cercle.

1907

Le Cercle mène bon train, ses rangs prennent de l’ampleur… en 1907 a lieu un grand coup d’État : le CP, pour organiser ses excursions jusqu’à l’étranger, a besoin de subsides. Des demandes sont introduites auprès de la Ville, de la Province, et même auprès du Roi Léopold II. Un président et des statuts sont cependant indispensables. Henri Michel est alors proclamé premier président et des statuts sont rédigés. Sous les hurlements, on vote, tout excité par la création d’une « chose » qui existe encore aujourd’hui. C’est d’ailleurs Henri Michel qui laissera son nom dans le troisième vers de notre célèbre cri ! (Henri, Volt, Ampère)

Voici quelques extraits de ces statuts primitifs, de 1907 :

Article 7 : Le Comité se compose de huit membres, à savoir : un président, un secrétaire, un trésorier, deux questeurs, un conservateur des collections, un bibliothécaire, un porte-drapeau.

Article 32 : Les membres effectifs sont tenus d’assister aux réunions du Cercle, en casquette estudiantine, sous peine d’être exclu de la réunion.

Le CP vivra bon train jusqu’à la seconde guerre mondiale, en organisant notamment des voyages à l’étranger pour ses membres, des Revues étudiantes ainsi que des baptêmes (eh oui ! déjà à cette époque).

Le CP pendant la guerre

Certains membres du Comité partent dès 1940 pour l’Angleterre afin de continuer à lutter contre l’ennemi. Le CP se voit affaibli, d’autant plus que le Cercle n’existe virtuellement plus durant l’Occupation. En effet, après la fermeture de l’Université à la fin de l’année 1941, le Cercle se dissout complètement, bien qu’il s’agisse alors d’un moment critique pour les étudiants et étudiantes. Une partie du CP émigre vers Liège, Mons et Louvain. Une autre partie du CP demeure à Bruxelles, où il faut organiser les cours clandestins pour tous les jeunes étudiants et étudiantes désireux et désireuses de passer un jury central en sciences de l’ingénieur. Ce CP est renommé « Association des Étudiants de Polytechnique » (AEP). L’AEP se charge de rassembler les notes de cours, de les imprimer et de les distribuer aux étudiants et étudiantes.

Le CP est morcelé, et c’est seulement en juin 1942, grâce à un discours flamboyant d’André Jaumotte donné dans un bistrot bruxellois, que les deux parties fusionnent. André Jaumotte est élu, à l’unanimité, président de l’unique CP pour l’année 1942-1943. Le CP reprend désormais le rôle joué par l’AEP, et aidé par la Ville de Bruxelles, il organise des séances de laboratoire dans les locaux de l’École des Arts et Métiers et des visites d’usine.

Jusqu’à la fin de l’Occupation et au prix d’efforts colossaux, malgré les mesures strictes prises par l’ennemi, le Cercle endosse sa tâche : il forme le ciment liant ces étudiants bruxellois et étudiantes bruxelloises éparpillés et éparpillées sur le territoire.

André Jaumotte, grande figure de notre Ecole et de notre Cercle, est décédé il y a peu, en 2016, à l’âge de 97 ans.

L’après-guerre

Après la guerre, le Cercle Polytechnique reprendra ses activités, et évoluera peu à peu vers la chose (enhaurme) qu’on connaît aujourd’hui, en continuant à organiser ses Revues et baptêmes, mais en lançant également la rédaction d’un magazine, L’Engrenage, au milieu des années 60, en organisant le premier Festival de la Chanson en 1979 ainsi que les premières 6 heures Cuistax en 1987. Sans parler des multiples Thés dansants et autres joyeusetés étudiantes !

Aujourd’hui

Le CP organise, encore aujourd’hui, une multitude d’événements. C’est certainement l’un des cercles les plus actifs et les plus entreprenants de l’ULB. Activités folkloriques, festives, culturelles, sociales, ludiques, sportives seront au rendez-vous tout au long de l’année académique.

Le Libre Examen

L’Université Libre de Bruxelles a pour principe le Libre Examen – Librex quand on a l’habitude. Théodore Verhaegen, un des fondateurs de l’ULB, dressa l’Université en 1834 en réponse aux dogmatismes religieux très présents à l’époque. On voit tout de suite l’aspect émancipateur du Libre Examen – il y en a bien d’autres. Vingt ans plus tard, ce principe s’inscrivit dans les statuts de l’ULB, aujourd’hui  encore le premier article stipule :

« L’Université Libre de Bruxelles fonde l’enseignement et la recherche sur le principe du libre examen.
Celui-ci postule, en toute matière, le rejet de  l’argument d’autorité et l’indépendance de jugement. »

L’Université l’adopta comme principe fondamental en 1909 – 75 ans après sa fondation – selon la fameuse formule d’Henri Poincaré :

« La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n’est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d’être. »

Les débats, l’engagement politique, la guindaille, les rencontres, le sport, les arts, la représentation étudiante, les conférences, font partie de cette vie étudiante bouillonnante, que l’ULB doit surtout à ses nombreux cercles étudiants. Ces derniers sont d’importants vecteurs du Libre Examen au sein de l’Université.

Au Cercle Polytechnique il y a une émulation, un éveil qui fait que le tout est plus que la somme de ses parties. L’apport de chacun et de chacune – aussi infime soit-il – complète alors celui des autres. C’est ainsi qu’on atteint des sommets et qu’on fait de grandes choses.

Le folklore estudiantin bruxellois est particulièrement ouvert et tolérant. Parmi l’infinité de personnages passionnants à découvrir, tout le monde y trouve sa place. L’engagement peut être très large, chacun se positionne dans la société comme bon lui semble. Engage-toi.

Par la suite, la communauté étudiante s’est réunie à de nombreuses occasions pour défendre le Librex. Parmi les plus connus figure le Groupe “G”, un groupe de sabotage qui fera perdre plus de 10 millions d’heures de travail à l’occupant nazi. Certains et certaines allaient même jusqu’à s’engager militairement dans des guerres civiles au nom du Libre Examen.

Il peut paraître paradoxal de vouloir concilier liberté intellectuelle et hiérarchie académique. Mais à bien y regarder, n’est-ce pas une des meilleures?
L’émancipation intellectuelle passe forcément par l’apprentissage. En ce sens, le savoir est bel et bien un outil de défense alors que la croyance aveuglante est une faiblesse. On ne pourra jamais se séparer de toutes croyances et heureusement! Mais adhérer au Libre Examen, c’est être capable de s’en éloigner un instant pour apprécier la validité d’une preuve ou d’un raisonnement – surtout contradictoire. Aspirer à la vérité en somme, un grand projet.